_ Keep your guard up! (PV Aiko)

Il devait être dans les environs de minuit, sinon plus. Motoko, qui avait pourtant l'habitude de s'endormir tôt, n'arrivait pas à trouver le sommeil ce soir là. Couché sur le dos, ses yeux bleus étaient grands ouverts et fixait le plafond, d’une terne couleur blanche. La pièce était silencieuse, on n’entendait que la respiration régulière de ses compagnons de chambres, tout les trois profondément endormis. Ce silence fut brisé quelques instants plus tard par un espèce de grognement provenant de son ventre. En effet, elle avait faim. Mais qui prenait une collation à minuit? Elle n’était pas non plus pour rester éveillée toute la nuit à fixer le plafond, en ayant faim en plus. Ainsi elle se leva le plus lentement possible pour ne pas faire de bruit, malheureusement son lit était celui le plus éloigné de la porte. Elle passa donc silencieusement en jetant un coup d’oeil aux autres occupants de la chambre. Les deux filles dormaient dans une position presque normale, mais Kaori dormait en boule, c’était mignon ‘3 . Elle s’approcha de lui, s’emparant d’un crayon à l’encre noir sur sa table de chevet, un sourire malicieux sur les lèvres. Mais avant qu’elle puisse mettre son plan machiavélique à execution, elle se rapella qu’elle était sensée être une adulte mature et pas une gamine de 5 ans. Elle laissa donc le crayon là et sortit de la chambre.

La jeune professeur était vêtue uniquement d’une robe courte violette, qui rehaussait son allure d’enfant, et ses cheveux de la même couleur que la barbe à papa retombaient librement sur ses épaules et dans son dos, pour une rare fois. Elle se dirigea donc vers sa destination originale, la cuisine du pensionnat. Celle-ci était heureusement ouverte peu importe l’heure mais il fallait faire attention de ne pas se faire attraper. Elle pourrait sans doute s’en tirer puisqu’elle était une enseignante mais bon. Elle y entra et ouvrit les lumières sans grande subtilité, avant d’aller fouiller dans le frigo pour trouver des ingrédients pour préparer quelque chose. Elle avait une grande envie de… spaghetti! Mais elle n’avait pas vraiment le temps de préparer ça alors elle se contenta de prendre un onigiri emballé dans le fond du frigo. Surtout qu’elle n’était pas particulièrement douée en cuisine.

Elle s’installa confortablement sur le comptoir et déballa sa boule de riz avant de commençer à la manger. Motoko regarda autour d’elle, il n’y avait vraiment personne, c’était le silence complet et pour être honnête c’était assez agaçant. Ainsi commença-t-elle joyeusement à chanter, balançant ses jambes qui n’atteignaient pas le sol au rythme de la chanson.

- For far too long I’ve been denied,
I’m making my move so just step aside.
No one can say I never tried,
To do everything to get back my pride.

Don’t say if I were you,
Or tell me what you’d do.
How things would be if you were in my shoes,
‘Cause you’re not me! -

Elle arrêta brusquement de chanter après le refrain, sursautant en entendant des pas qui s’approchaient rapidement dans le couloir. Elle ne chantait pas trop mal à son avis mais quand même…

Quelle heure était-il ? Aiko n'en avait pas la moindre idée. Pour un peu, elle aurait pensé qu'il était à peine 21h, voir 22h. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et elle vit que ses 3 compagnons de chambre dormaient. Kiba avait vraiment l'air d'un gamin pendant qu'il dormait, mais il était sérieusement mignon. Enfin, pas autant qu'un autre petit blond de sa connaissance. Elle esquissa un sourire et décida d'aller se promener. C'était toujours simpa de se promener dans les couloirs, quelle que soit la destination. Décidée braver l'interdit, elle s'élança en sautillant dans les couloirs. Bien entendu, elle se doutait que ce n'était pas la meilleure méthode pour passer inaperçu, mais elle était tellement contente de faire sa première nuit dans les couloirs qu'elle se dit qu'il serait toujours temps de partir se réfugier en catastrophe dans une salle quelconque.

Alors qu'elle commençait à penser qu'elle aurait tout la nuit pour profiter du pensionnat, apparemment désert, elle entendit quelqu'un la héler. Sans prendre la peine de savoir s'il s'agissait d'un professeur, élève, ou surveillant, elle partie en courant aussi vite qu'elle le pouvait à la recherche d'une salle dans laquelle elle pourrait se réfugier. Elle tourna à droite, ouvrit la porte qu'elle trouva face à elle, et elle entra dans une salle qu'elle ne reconnut pas immédiatement. La lumière était allumée, mais elle n'en fut pas choquée sur le coup, il lui fallut un temps de battement. Elle tourna la tête dans tous les sens afin de comprendre où elle était et son appétit fut mis en éveil lorsque son regard tomba sur le frigo de la cuisine. Après seulement elle remarqua que quelqu'un d'autre était dans la salle.

La jeune femme assise sur le comptoir ne paraissait pas très vieille, et Aiko crut qu'il s'agissait d'une élève. Tout naturellement, elle se rendit donc au frigo pour prendre une pizza et, tout en la mettant dans le four, elle commença à papoter avec cette comparse, à ses yeux tout aussi en faute qu'elle. Aiko lui adressa un sourire, alla s'assoir à côté d'elle en attendant que sa pizza ne cuise, et elle s'adressa à elle en murmurant pour ne pas se faire entendre par quelqu'un qui aurait la mauvaise idée de passer devant la salle.

- Salut ! Je pensais pas que quelqu'un d'autre serait debout à cette heure-ci. Moi c'est Aiko. Je suis de Inu. Tu viens souvent grignoter comme ça la nuit ? Parce que ça m'étonne un peu de te voir faire ça comme si de rien n'était, en allumant bien la lumière. A croire que t'as pas peur de te faire attraper par un crétin de prof !

Elle lui adressa un clin d'oeil complice, jetant malgré tout un petit coup d'oeil vers la porte, montrant ainsi qu'elle n'était pas parfaitement à l'aise à l'idée d'être surprise par un surveillant ou un professeur dans cette cuisine.

Alors que Motoko se cachait sous une table avec une attitude digne de son statut de prof, elle entendit les pas s’arrêter quelques instants, avant de recommencer. Un simple coup d’oeil parvint à lui confirmer qu’il s’agissait d’une élève. Rassurée, elle sortit de sa cachette sans un bruit et retourna à sa place de départ, sur le comptoir. L’autre ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Ce n’était pas pour lui déplaire, ainsi continua-t-elle de grignoter sa boule de riz en silence, l’observant prendre une pizza dans le frigo et la mettre au four. Peut-être voudrait-elle la partager, qui sait. Mais enfin elle sembla se rendre compte de sa présence et commença à lui parler à voix basse, comme si de rien était. Essayant de ne pas laisser sa nature joyeuse et amicale prendre le dessus, elle tâcha de lui répondre d’une voix monotone et désinterressée. Ce qui ne se révelait pas si dur, une fois qu’on avait pris l’habitude comme elle.

L’étudiante dont elle ne connaissait toujours pas l’identité vint s’asseoir à côté d’elle, continuant à jacasser comme une pie. Et enfin, elle pu savoir son nom. Ainsi elle était à Inu, elle n’était donc pas parmis ses élèves…

- Et je suis Motoko… Je suis à Neko, en biologie. -

Elle n’eut pas le temps de continuer qu’Aiko relançait déjà la conversation, parlant de se faire attraper par un crétin de prof. C’est surtout l’adjectif qu’elle utilisa pour les qualifier qui la dérangea. Oui biensur, elle utilisait elle aussi ce genre d’expressions quand elle était à l’école, mais puisqu’elle en était une maintenant ça changeait tout… voyons.

- Fait attention à ce que tu dit si tu ne veut pas qu’un ‘crétin de prof’ te colle une retenue. -

Répliqua-t-elle sèchement, d’une façon presque menaçante pour quelqu’un qui avait l’air d’une gosse de dix ans. Elle soupira et descendit du comptoir pour aller s’asseoir sur une table juste en face. Recommençant à balancer ses jambes dans le vide, elle passa une main dans ses cheveux rosés pour les replacer, fixant froidement Aiko, une mauvaise habitude qu’elle avait pris. Elle attendait que l’autre s’en aille ou relance la conversation, elle n’était quand même pas pour changer de sujet après avoir sorti une réplique du genre, ce n’était pas son style. Ou du moins, ce n’était pas celui d’un adulte responsable comme elle devrait être… Enfin peut-être n’avait-elle même pas compris que Motoko était un professeur, peut-être pensait-elle qu’elle était simplement une petite élève obéissante.

Aiko releva le ton sec de Motoko, et elle ne comprit pas tout de suite pourquoi elle s'était fâchée ainsi. Après tout, quel élève pouvait aimer les profs ? Elle médita la question sous le regard froid de l'autre jeune fille, l'ignorant royalement, les yeux rivés sur le four dans lequel cuisait la pizza, lorsqu'une idée lui vint finalement en tête.

- T'es fille de prof pour te mettre en colère comme ça ? Désolée, je voulais pas te vexer...

Bien entendu elle ne se doutait pas qu'elle était dans le faux. Elle sauta à terre pour aller récupérer sa pizza qui était prête, s'en prit une part, et en proposa à Motoko. Tout en s'activant, elle réfléchit en se disant que ce nom lui rappelait vaguement quelque chose. C'était irritant de se dire que cette fille était à Neko, cela signifiait que Aiko avait très bien pu en avoir entendu parler, mais elle ne se souvenait plus en quels thermes. Se mordillant pensivement la langue, elle ne commença pas immédiatement à manger, posant la boite de pizza sur le comptoir, et portant un peu plus d'attention à la personne qui lui faisait face.

Aux premiers abords, Aiko lui avait donné à peu près le même âge qu'elle, dix-sept, dix-huit ans, mais en y regardant de plus près, elle pouvait aussi passer pour une jeune femme aux alentours des vingt ans, mais à l'aspect enfantin. Un doute soudain l'assaillit, et sur le coup elle se demanda si elle ne ferait pas mieux de partir en courant de cette pièce sur le champ, l'idée lui paraissait malgré tout absurde et Aiko attendit de voir la réponse avant de laisser la peur l'envahir, bien qu'elle fut désormais sur le qui vive.

Motoko, ayant enfin fini son onigiri, jeta l’emballage dans la poubelle la plus proche avant de reporter son regard sur Aiko pour un instant. Celle-ci avait préféré l’ignorer et son regard restait rivé sur la pizza qui cuisait lentement dans le four. La jeune femme soupira silencieusement en commençant aussi à fixer la pauvre pizza qui était soudainement victime de toute l’attention, lorsque enfin l’étudiante qui lui tenait compagnie depuis quelques minutes déjà lui reparla à nouveau. Elle lui demandait si elle était fille de prof. Ça expliquerait bien des choses. Son apparence enfantine pouvait vraiment lui jouer des tours parfois. D’autres fois, c’était utile. Enfin, Aiko n’était pas très loin de la vérité, mais il vallait peut-être mieux ne pas la lui dire tout de suite. Elle n’avait pas besoin de savoir.

- Quelque chose comme ça oui -

Le silence reprit de nouveau le dessus, mais Motoko était évidement incapable de rester en colère contre quelqu’un pendant trop longtemps. Ainsi décida-t-elle de formuler une réponse plus claire, avec un sourire joyeux cette fois.

- En fait, je suis professeur à Neko. C’est un peu surprenant je sais, ça fait ça à tout le monde, mais j’ai bien vingt ans. -

Elle ponctua cette phrase d’un nouveau sourire, et remarqua qu’Aiko lui proposait une pointe de pizza. Elle accepta sans un instant d’hésitation, ses jambes recommençant à se balancer dans le vide en prouvant qu’elle était à nouveau de bonne humeur. Elle prit une bouchée de sa pizza en regardant le vide devant elle, cherchant quelque chose à dire pour meubler un peu la conversation, le silence menaçant de revenir à la charge sous peu. Finalement elle releva la tête vers Aiko, parraissant soudainement inspirée.

- Même si j’ai cru comprendre en quelques jours que les profs ne sont pas particulièrement appréciés ici, les cours sont intéressants à Inu? Tu ne m’as pas dit dans quelle spécialisation tu étais? -

Elle s’interrompu, c’était plus amusant d’essayer de deviner par elle-même. Elle détailla l’étudiante de la tête aux pieds, se rappellant les spécialisations de Neko, plus artistiques que celles d’Inu, essayant de decider dans laquelle elle l’imaginait le plus.

- Laisse moi deviner. Tu es en euh… théatre peut-être? -

» Compte de Aiko Tanaka